Degustation#6 : un Quatuor de Saint Joseph !

St Jo 0 et 2Saviez-vous que Saint Joseph est le patron des travailleurs qui se fête le 19 mars ? Pour ma part, je viens de le découvrir…Ce que je sais mieux en revanche, c’est que Saint Joseph est une appellation phare des crus de la Vallée du Rhône Nord.

Je vous propose une dégustation de pas 1 ni 2 mais de 4 Saint Joseph, en présence de mon ami Morgan de Wine Passport !

Les vendanges dans mon domaine participatif Orgâmic ont eu lieu le week-end dernier. Pour cette occasion, Morgan était sympathiquement venu nous aider à manier du sécateur. Quoi de mieux qu’une belle dégustation pour lui dire merci  ?

 

St Jo 4 - Copie
Morgan, heureux partenaire de dégustation
St Jo 1
Moi samedi, heureux vendangeur

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Quelques mots sur l’A.O.C. Saint Joseph

Sur les terres ardéchoises de l’appellation, on a coutume de dire que « pour que le vin soit bon, la vigne doit voir le fleuve ». C’est dire si les paysages sont beaux : des terrasses granitiques avec des panoramas sur les lointaines Alpes, des coteaux escarpés et des pieds de vigne tombant à pic dans le Rhône.

vignes st jo

Le vignoble de Saint Joseph a pour berceau historique le village de Mauves. Ce sont les moines cultivateurs de la vigne depuis le 18ème siècle qui l’ont ainsi baptisé. Aujourd’hui, il s’étend sur la rive droite du Rhône avec une superficie 1 200 hectares de Chavanay au nord à Guilherand-Granges au sud.

Le climat est semi-continental avec des nettes influences méditerranéennes par l’ensoleillement ou le mistral.  La production annuelle moyenne est de 40 000 hl, soit un rendement moyen plus que raisonnable à 33hl/ha.

Les vins rouges représentent 90% de l’appellation et sont constitués d’un seul cépage : la Syrah, reconnaissable par son caractère et sa finesse. Les blancs encore confidentiels méritent d’être mis en lumière : tant par leur bouquet aromatique sur les fleurs blanches (aubépine, chèvrefeuille…) que par leur belle rondeur en bouche.

 

Commençons la dégustation par les blancs

St Jo 3Bien qu’ils ne représentent que 10% de l’appellation, les blancs méritent tout autant le détour. D’ailleurs ma cave est bien garnie en Saint Joseph blanc de chez Paul Jaboulet Aîné (le Grand Pompée).

En présence pour la dégustation : la Cave Coopérative de Tain de l’Hermitage pour un millésime 2013 et le Domaine Boissonnet 2012 – au nord de l’appellation à Serrières.

Le flacon de la Cave de Tain fut le premier dégusté. 100% Marsanne, l’absence de Roussanne s’est ressentie tout au long de la dégustation. Déjà par la couleur jaune franc dans nos verres, alors que la Roussanne aurait apporté une intensité colorante sur un joli jaune paille.

Grâce à un élevage sur lies fines, le bouquet aromatique est riche et flatteur : du fruit blanc, des agrumes confis, des notes florales et même miellées. Après aération, de nouveaux arômes pâtissiers se sont dévoilés autour du brioché et du beurré. Une explosion au nez et une légère déception en bouche.

Morgan et moi avons été unanimes pour déplorer le manque de vivacité qui rend hélas le vin un peu pataud et dont l’alcool chauffe lors de la finale. D’ordinaire, j’aime le travail de la Cave de Tain et pour ne pas rester sur une déception, j’irai de ce pas tester les millésimes antérieurs à 2013. S’il ne tiendra pas devant un plat de résistance, ce vin s’associera parfaitement avec du fromage, et pourquoi pas une tome ardéchoise. A consommer rapidement, car la trame acide est faible pour le transporter dans le temps.

Passons maintenant au Domaine Boissonnet, auquel il manque malheureusement une contre-étiquette. J’aime toujours en savoir un peu plus sur le vin que je m’apprête à déguster, ne serait-ce que l’encépagement. C’est donc après coup que nous avons pris connaissance de la composition à 80% de Marsanne et 20% de Roussanne.  L’intensité colorante fut plus élevée avec quelques reflets verts. Un nez légèrement plus discret que le précédent sur la pâte de coing, la poire à l’eau de vie et le végétal qui n’a pas été sans rappeler les tisanes automnales de Morgan !

En bouche, l’attaque est franche avec un volume qui ne chauffe pas. Aisément associable avec un poisson en sauce. Trois mots pour le résumer : finesse, élégance et cohérence. S’il y avait un match entre les deux bouteilles, bien évidemment le Domaine Boissonnet l’emporte aisément. L’apport du second cépage Roussanne est indéniable pour le plaisir des papilles.

 

Et maintenant les rouges

St Jo 5Les rouges….l’esprit même de Saint Joseph : ce sont des vrais vins de philosophie qui invitent à la contemplation !

Deux bouteilles de 2011 pour la dégustation, toutes deux nées pas très loin du « berceau » de l’appellation à Mauves. La première du Domaine Guy Farge et sa cuvée « Terre de Granit«  à Saint Jean de Muzols, 7 mois d’élevage en fûts de chêne. La seconde, « Les Royes », du Domaine Courbis à Chateaubourg avec un élevage long de 17 mois. Un budget qui varie du simple au double est-il justifié ? Verdict.

Comment décrire le Saint Joseph de Guy Farge ? Une belle robe violette et un nez typique s’ouvrant sur des arômes mûrs de framboises et de cassis. Ajoutez un soupçon d’épices qui viendra relever le tout et vous obtenez un vin olfactivement gourmand. La bouche est incontestablement charpentée et puissante avec des tanins encore un peu jeunes. D’après Morgan, ce n’était pas encore son heure ! Tanin resserrés ou pas, j’ai déjà pris suffisamment de plaisir à croquer ce vin mais il est vrai que j’en aurai encore pris davantage en patientant quelques années. Au final, un vin totalement représentatif de son cru – à associer sur une pièce de bœuf grillé.

Passons maintenant au Domaine Courbis, que je surveille depuis quelques temps et qui, croyez-moi, gagne vraiment à être connu. Ce n’est pas cette dégustation qui me fera penser le contraire. Un nez fin s’ouvre délicatement sur des notes de fruits rouges relativement frais. C’est l’ambiance de la cerise rouge bigarreau (et non la noire kirchée) qui prédomine. En bouche ? Une bombe ! Jugez plutôt : un équilibre par le haut de toutes les composantes d’un vin avec des tanins soyeux. Un fondu merveilleux de soie et de velours, porté par une grande longueur en bouche sur le fruit.

Difficile de comparer ces deux vins rouges qui ne boxent pas dans la même catégorie. Que vous optiez pour l’un et l’autre, votre budget sera assurément dépensé à très bon escient !

 

Je vais conclure ce billet par des remerciements. D’abord à mon compagnon de dégustation Morgan : ce fut un beau moment de partage et d’amitié. Et c’est bien là l’essence même du vin. Merci également à Rouge Granit pour m’avoir permis de déguster et comparer ces vins du cru Saint Joseph que j’affectionne particulièrement.

Prix public indicatifs => 11,35€ Saint Joseph blanc 2013 Cave de Tain, 16€ Saint Joseph blanc 2012 Domaine Boissonet, 14€, Saint Joseph rouge 2011 « Terres de Granit » Domaine Guy Farge et 27€ Saint Joseph rouge 2011 « Les Royes » Domaine Courbis.

2 Responses

  1. COLOMER JEAN dit :

    Bonjour,

    Je trouve le domaine de Courbis formidable, Ils font aussi du Cornas. je les ai rencontré à Saint Pierre de Chandieu (69) à la Foire au vin. Des jeunes supers. Ils méritent de réussir.

    • Sébastien Xaé dit :

      Bonjour Jean. Merci pour votre commentaire. Je confirme vraiment tout le bien que vous pensez du Domaine Courbis. Vraiment un domaine à surveiller de près ! A bientôt sur le blog.

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