Et le vin de copains Orgâmic fut assemblé

Depuis près de 2 ans, je participe à l’aventure du domaine viticole Orgâmic. Situé dans le Luberon, c’est un vin de copains au premier et noble sens du terme. Fondé, financé et géré à 100% par des particuliers passionnés. Récemment, le JT de TF1 nous faisait l’honneur d’un reportage TV que vous pouvez retrouver ici.

Nous avons assemblé nos cuvées 2014 jeudi dernier, l’occasion pour moi de vous partager ce moment fort pour tout domaine. Tout d’abord, définissons cette opération : l’assemblage permet au vigneron, pipette en main et verre au nez, d’obtenir des vins plus complexes que les breuvages mono-raisin.

Mélanger plusieurs cépages offre ainsi la possibilité d’apporter un peu de rondeur à un vin rouge trop tannique, ou d’acidité à un vin blanc qui manque de vivacité. C’est également un bon moyen de multiplier les arômes : la Syrah dans un vin rouge apporte des notes plus épicées qu’un 100% Grenache. Tout cela bien évidemment dans le cadre de la réglementation, celle de l’IGP Vaucluse pour Orgâmic.

Si tous les vignobles peuvent pratiquer l’assemblage, il existe plusieurs subtilités. En Champagne, il est autorisé de mélanger plusieurs vins issus de millésimes différents. C’est parfaitement légal, à condition de ne pas apposer d’année sur la bouteille. Autre exception, les régions comme la Bourgogne, l’Alsace, ou la Vallée du Rhône Nord sur les rouges. Les terroirs sont tellement riches et diversifiés que les assemblages concerneront un seul et même cépage, déclinés sur plusieurs parcelles. Quoi de commun entre un rustique Saint Joseph, une fine Cote Rotie et un gourmand Crozes-Hermitage ? Rien, si ce n’est le même cépage – la Syrah – qui aura poussé sur des sols très différents.

A quel moment procède-t-on à l’assemblage ?

La décision revient au vigneron. Certains élèvent leurs vins issus de différents cépages ensemble : le mélange peut être réalisé dès la mise en cuves. Tandis que d’autres comme Orgâmic vendangent et vinifient chaque cépage séparément, puis assemblent leurs vins avant de les mettre en bouteille.

Premier cas de figure avec les vins blancs. Les cépages (Clairette et Viognier pour Orgâmic) sont d’abord goûtés séparément et leurs principales caractéristiques identifiées (fruité, boisé, fraîcheur, etc). Notre œnologue conseil, François Busi, prépare ensuite plusieurs mélanges de ces cuvées. Décision finale ? Une première cuvée 100% Viognier très aromatique et avec un beau volume en bouche. Et une deuxième cuvée 80% Clairette et 20% Viognier. Ici, la Clairette apportera un peu de plus de complexité au vin avec de l’alcool et un peu d’amertume.

Autre illustration avec le Rosé. Premier enjeu : reproduire le style de notre désormais réputé « Préliminaires », composé de Grenache Gris, Carignan et Cinsault. Chaque millésime étant par définition différent (chaleur, pluie, etc), les proportions entre ces 3 cépages seront remises en cause chaque année. Résultat pour 2014 : un peu moins de Carignan pour Préliminaires et nous avons pris la décision de créer un deuxième Rosé, avec un profil plus gastronomique que d’apéritif. A découvrir prochainement !

Terminons par les rouges. Pour les 4 cuvées que nous avions à constituer, la bonne pratique commence à constituer par le « haut ». Isolons d’abord les cuves dont la matière les rendent les plus aptes au vieillissement. Les plus « légères » constitueront les vins les plus faciles à boire. Les rouges auront ainsi été le travail le plus long à réaliser.

Finissons ce billet sur l’assemblage,  la pratique consiste à mélanger les “ingrédients de base” du vin en des proportions savamment dosées, pour rechercher la meilleure complémentarité entre les cépages. Pour Orgâmic, l’opération se déroule sur une demi-journée pour 8 cuvées (2 blancs, 2 rosés et 4 rouges) et permet de calculer la production à venir au regard des proportions utilisées sur chaque cuvée (25 000 cols au total pour 2014).

Les dés sont ainsi jetés, le style du vin et l’avenir du domaine sont arrêtés. Pour notre plus grand plaisir.

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