Rendez-vous aujourd’hui dans un p’tit coin de paradis en Provence, entre Carpentras et Vaison la Romaine : les dentelles de Montmirail. Je vous souhaite la bienvenue au pays des falaises calcaires ensoleillées et des crus gourmands de la Vallée du Rhône méridionale !
Au milieu de cette région : les Vignerons de Caractère, cave coopérative de Vacqueyras, déjà présentée sur le blog. Jusqu’à présent, mes portraits de vignerons ont concerné des caves particulières : c’est à dire des vignerons qui font pousser le raisin, élèvent le vin dans leur cave puis le mettent en bouteilles et se chargent eux-mêmes de le vendre. A travers le portrait de Pascal Duconget, le responsable de cette cave importante de la région, l’occasion est belle de vous présenter un autre système de production du vin, tourné vers la coopération.
Pascal, quel homme se cache derrière le Directeur Général d’une grande cave coopérative ?
Un homme tout ce qu’il y a de plus simple ! Je suis père de famille de 4 enfants (3 grandes filles et 1 petit garçon). J’ai une formation à l’origine d’ingénieur et suis arrivé dans le vin un peu par hasard et beaucoup par passion.
Depuis 2003, je suis à la tête des Vignerons de Caractère et je n’ai pas beaucoup de temps en dehors de ma vie professionnelle et familiale. Les seuls moments personnels que j’arrive à m’accorder consistent à faire de la course à pied.
Pourriez-vous nous décrire le modèle du coopératisme viticole ?
C’est un système qui existe depuis le 18ème siècle. Moderne à bien des égards, il consiste à réunir travail et capital sous une même structure. Concrètement, les vignerons apportent leurs raisins puis les autres aspects de fabrication du vin sont mis en commun : vinification, commercialisation, etc.
La motivation première est de mettre en place une économie solidaire où nous sommes plus forts ensemble. Un exemple : notre chai de cuves suspendues a coûté 5 millions d’euros. Autant dire un investissement impossible sans partage des moyens.
- Les cuves suspendues
Quelques mots pour présenter les Vignerons de Caractère ?
Nous sommes depuis 1957 un collectif de 80 familles vigneronnes, qui vivent exclusivement de la vigne de pères/mères en fils/filles. Ces familles exploitent aujourd’hui près d’un millier d’hectares autour des dentelles de Montmirail sur les appellations de Vacqueras, Gigondas et Beaume de Venise.
Toute notre production est commercialisée en bouteilles, pour moitié à l’export dans une trentaine de pays et pour l’autre en France. Les valeurs qui nous caractérisent sont l’attachement à notre belle région et à la modernité. Je pense également à notre boutique de Vacqueras pour accueillir les visiteurs autour d’expériences oenotouristiques.
Souvent, la cave particulière est présentée comme le saint graal du viticulteur…
C’est un dogme ! La structure juridique ne prédispose en rien de la qualité du vin que produit le vigneron. Pour moi, il y autant de caves particulières et coopératives qui travaillent bien. Hélas, quand il y a un souci, les secondes sont plus visibles du fait de leur volume important. A l’heure de l’économie participative, je suis persuadé que le modèle de la coopération viticole a un bel avenir.
En quoi la notion de qualité est-elle importante pour vous ?
Elle est historique. Les Vignerons de Caractère ont joué un rôle essentiel dans le passage de l’appellation Vacqueyras en Côtes du Rhône Village puis en Crus dans les années 1990. Début 2000, nous développons la viticulture raisonnée, biologique, et la biodynamie dans notre vignoble. Nous sommes également certifiés (ISO 9001 et 14001 dans un souci environnemental) et suivons d’autres normes pour des aspects d’hygiène et de traçabilité alimentaire (IFS/BRC). Depuis 2005, toutes nos décisions sont prises sous le prisme du Développement Durable, label que nous partageons avec une dizaine d’autres caves coopératives françaises.
Le rapprochement entre Vignerons de Caractère et Balma Venitia est en marche, avec vous en tête…
Oui, effectivement. Nos conseils d’administration respectifs ont décidé à l’unanimité de créer une union commune. L’ensemble faisant la force, c’est aussi la volonté de rester maitre de nos destins, de continuer à se payer notre précieuse indépendance. Le mouvement est d’envergure car la future entité, Vignerons des Dentelles, représente 250 exploitations viticoles, 2000 hectares de vignes et un chiffre d’affaires d’environ 37 millions d’euros. Demain, c’est toujours plus d’infrastructures et de moyens pour proposer des vins de qualité.
Et maintenant la boîte à questions de Pascal, en terroir inconnu…
8 questions que je pose à chacun de mes portraits.
| Votre devise ? | Savoir rester authentique |
| Votre modèle ? | La famille Perrin, productrice à Châteauneuf du Pape (Château de Beaucastel) |
| Votre principale source d’agacement ? | Les dogmes de certains « gourous » de la bien-pensance. Ils sont complètement à côté de la plaque |
| Votre meilleur souvenir de dégustation ? | C’était avec la Société des alcools du Québec : une magnifique dégustation verticale des décennies 80 et 90… |
| Votre chanson préférée après quelques verres ? | Ma "gueule" |
| Votre mot pour les vins de la Vallée du Rhône ? | Plaisir et fruit |
| Votre vision de ces vins dans 15 ans ? | Toujours les mêmes ! |
| Votre souhait le plus cher ? | Continuer à aller de l’avant, tout en préservant nos paysans et nos terroirs |
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sympa ce portrait de ce dirigeant d entreprise ; de plus dans une région viticole que
j ‘adore ! a bientot sebastien !