Hier soir, France 3 diffusait le documentaire « Vino Business » d’Isabelle Saporta.
Il s’agit à l’origine d’un livre publié en début d’année et qui a fait polémique. Beaucoup ont reproché à la journaliste de délivrer de faux scoops, voire des contre-vérités.
L’occasion pour moi de juger sur pièce et de vous livrer mon analyse. Attentivement installé devant ma TV, j’en tire un bilan mitigé. Certains sujets m’ont plu et d’autres m’ont clairement agacé. Décryptage.
Ce que j’ai aimé
Tout d’abord qu’on parle du vin. Dans un contexte de Loi Evin, il est rarissime qu’on évoque ce sujet à la télévision, qui plus est en prime-time. Rien que pour cela, la diffusion de ce documentaire a été une bonne chose. Pour ne rien gâcher, il est superbement filmé. Les images des vignes, des chais et des vignerons sont très jolies et flattent l’œil.
J’ai également apprécié les illustrations sur l’importance de la terre et de la nature pour faire du vin. Isabelle Saporta insiste souvent sur la nécessité à juste titre de (re)trouver de l’authenticité. La nature est fondamentale dans la production du vin : de la taille en hiver, de l’ébourgeonnage au printemps, de l’impuissance du vigneron face aux grêles d’été ou encore de la nécessité à attendre la pleine maturité du raisin avant de le vendanger en automne. Tout cela est très bien montré et démontré.
Comment ne pas être désabusé par l’utilisation intensive des produits chimiques ? Voir des hommes en combinaison intégrale pulvériser je ne sais quelles solutions fait très mal. Petite précision non apportée hier soir : le bio ne concerne que 8% du vignoble actuel ! C’est dire la marge de progression…
Un point de vue que que je partage également : c’est l’opacité des classements, notamment dans le Bordelais. On m’a expliqué un jour que le classement des vins de St Emilion (grands crus classés A, grands crus classés B et grands crus classés) étaient sujet à caution au niveau des critères. Par exemple, les dégustations à l’aveugle ne représentent que 30% de la note, les 70% autres tenant plus à des critères fonciers ou marketing…
Ce que je n’ai pas aimé
Les raccourcis. Et il y en avait beaucoup hier soir ! Le plus dangereux à mon sens est le risque de généralisation par le public. Les excès dénoncés ne concernent que 0,1% des vignerons.
La région bordelaise composait à elle seule 95% du documentaire. Il y a eu heureusement une petite incursion en Bourgogne à St Aubin chez Dominique Derain (pionnier de la biodynamie). Mais quel dommage : la France viticole ne se limite pas à la Gironde et d’autres régions auraient aussi mérité d’être mises en valeur !
On était également dans le caricatural hier soir avec les attaques contre le « grand capital »… A un moment donné, il faut bien parler argent pour faire du vin. Tous les banquiers, investisseurs ou autres financiers ne riment pas avec spéculateurs ! J’ai vraiment trouvé cet état d’esprit démagogue et simpliste. Si on veut retourner à des vins sans aucune science ni technologie, très peu pour moi les piquettes du Moyen-Age !
Une dernière chose que je regrette : c’est l’image du vin comme produit « trafiqué » en cave. Alors bien sûr un laboratoire d’œnologie peut paraitre impressionnant. Mais la comparaison entre œnologues et « alchimistes » est plus que limite. Les assemblages de cépages et sélections de parcelles font partie du métier pour tendre vers toujours plus de qualité dans le vin !
Ce que je retiens au final
On a parlé vin et pas alcool. Dans un contexte de lobbying hygiéniste, c’est toujours appréciable.
Les sujets abordés sont bons : usage des pesticides, investissement dans le vin, rôle des critiques et des classements, élaboration du goût du vin, etc. En revanche, trop de raccourcis brouillent le message global et risque d’entraîner une généralisation pas franchement utile. Les excès présentés dans le documentaire existent bels et biens mais ne concernent qu’une petite partie de nos vignerons.
salut comment vas tu ?
j’ai regardé aussi l’émission et je suis d’accord avec toi. Un amalgame peut rapidement être fait pour les moins initiés, parfois un manque de précision, surtout pour « l’ aromatisation » du vin par les levures ou par le bois. Ils ont réussi à trouver des vigneron intéressant. Bon reportage dans l’ensemble.
bonne chance pour la suite et bonne journée
Bon résumé Seb !